Le mur d’arrière-plan à Leipziger Platz
Au début du XXème siècle, la Potsdamer et la Leipziger Platz étaient considérées comme l’un des principaux centres urbains d’Europe et illustraient le rôle de métropole de Berlin. La construction du mur, à partir de 1961, transforma cet épicentre en No Man’s Land. Les décombres des bombardements de 1945 et les vestiges des monuments touchés furent déblayés, à l’exception des restes du grand hôtel Esplanade et de la Weinhaus (cave) Huth. Une large bande frontalière fut mise en place. Le désert urbain de Potsdamer Platz, rendu célèbre par le film de Wim Wenders “les ailes du désir” (Der Himmel über Berlin), devint un haut lieu de tourisme. Une plate-forme panoramique, située du côté Ouest, permettait de voir par delà le dispositif frontalier de la RDA. Au lendemain de la réunification, en 1990, l’endroit changea radicalement de physionomie, pour devenir le plus gros chantier d’Europe. En l’espace de quelques années, la Potsdamer Platz redevint une plaque tournante de la ville, regroupant en son sein culture, commerce et vie de tous les jours. Presque tous les vestiges de l’ancien dispositif frontalier disparurent au cours de ce renouveau.
Seule une petite portion de mur d’arrière-plan avec ses barrières rouges et blanches à hauteur de genoux a été conservée à l’angle des rues Stresemannstraße et Erna-Berger-Straße. Ce mur jouxte le mur anti-incendie de l’extension néoclassique de l’ancien ministère prussien de l’agriculture, construite entre 1913 et 1919. Sa continuation, qui a été démolie, traversait la place octogonale Leipziger Platz et suivait le tracé de démarcation entre les deux secteurs d’occupation en direction de la porte de Brandebourg.
Quelques segments épars de mur d’arrière-plan ont également été conservés au nord et au sud de la Leipziger Platz. Afin d’offrir une vue agréable aux touristes occidentaux qui se rendaient sur la plate-forme panoramique pour voir le No Man’s Land et Berlin-Est, le mur d’arrière-plan était constitué ici d’une portion de mur frontalier de “type 75”, habituellement réservé à la délimitation extérieure du No Man’s Land avec Berlin-Ouest. Cette décision fut prise par les autorités est-allemandes afin de “mettre en valeur le prestige politique de la capitale de la République Démocratique Allemande, notamment aux endroits les plus symboliques comme autour de la porte de Brandebourg et de Leipziger Platz.”
Ces quelques vestiges du mur figurent au patrimoine historique allemand depuis 2001. La portion de mur située à l’angle des rues Stresemannstraße/Erna-Berger-Straße sera démontée et exposée dans le foyer du futur siège du ministère de l’environnement, qui sera construit ici.